Travail en cours.

Vol au-dessus d’un nid de coucou

nid_de_coucou_web2

Harding lâche la main de McMurphy, se carre sur son siège, jambes croisées, aspire une longue bouffée de fumée, ôte la cigarette fichée dans l’étroite lézarde de son sourire. […] Elle est aussi blanche et aussi mince que ses propres doigts. On dirait que c’est un autre doigt qui crache de la fumée.

Il tend sa longue main en avant, me la brandit sous le nez; il la considère en plissant les yeux. Son autre main se hausse pour souligner les mots qu’il prononce d’un geste du doigt. Un doigt qui a la rigidité d’un morceau de bois et auquel la nicotine a donné la couleur d’un fût de carabine. Sa voix caverneuse est toujours aussi lente, aussi patiente. Je vois, à mesure qu’il lit, les mots, noirs et pesants, jaillir de ses lèvres à la fragilité de verre.
« Maintenant… le drapeau, c’est… l’Amérique. L’Amérique, c’est… les prunes. Les pêches. […] L’Amérique, c’est… les boules de gomme. La graine de citrouille. L’Amérique, c’est… la télévision.[…] Maintenant… la croix, c’est… le Mexique. […] Maintenant, le mouton vert, c’est… le Ca-na-da. Le Canada, c’est… les sapins. Les champs de blé. Le ca-len-drier… »

nid_de_coucou_web

nid_de_coucou_web3

C’est un système tout ce qu’il y a de plus simple: il suffit d’un compresseur ordinaire qui aspire de l’eau dans un réservoir et une huile spéciale dans un autre. Le mélange est évacué par un tube noir, au bout d’une machine, sous forme d’une vapeur blanche […]. Cette brume artificielle a été une des premières choses que j’ai vues en débarquant en Europe. […] Le brouillard jaillaissant à grand flot, a enveloppé le terrain. […] Pour s’orienter, quand on est descendu, il fallait se guider sur le son de la petite trompe dans laquelle le lieutenant soufflait sans arrêt […]. On aurait dit une oie en train de cacarder. On ne distinguait plus rien à plus d’un mètre. […] Il n’y avait que le cri aigu de la petite trompette qui transperçait cette blancheur molle et vaporeuse, si épaisse qu’elle vous engloutissait jusqu’à la taille. En dehors du kaki de la chemise et de l’éclat cuivré de la boucle de ceinture, ce n’était que du blanc, comme si, à partir des hanches, on se diluait, nous aussi, dans le brouillard.

Interprétation personnelle du personnage de Randle McMurphy d’après les descriptions du livre de Ken Kesey.

niddecoucou2